Article du Télégramme de Brest 03 avril 2020 – Stéphane Jézéquel

Pour ceux qui se retrouvent au chômage total ou partiel, il existe plusieurs options si l’on ne peut pas régler une partie ou la totalité de sa mensualité de crédit immobilier. Ewan Lebourdais délivre quelques précieux conseils.

Pourquoi le contexte de la crise du coronavirus est-il doublement historique ?

Depuis trois ou quatre ans, un très grand nombre de candidats à l’emprunt ont décroché des prêts qu’ils n’auraient sans doute pas eus sans ces taux très bas et ces conditions historiquement favorables. Des ménages à revenus modérés ont accédé à des montants plus importants que par le passé. Mais ils seront nombreux, cette année, à avoir un trou de quelques centaines d’euros à la fin du mois, dans un contexte totalement inédit.

Par quoi faut-il commencer ?

Il faut anticiper au plus vite auprès de sa banque, commencer à regarder son contrat et joindre son conseiller. La plupart des prêts immobiliers proposent une modulation de l’emprunt. C’est, de loin, la solution qu’il faut adopter en cas de difficulté. Il existe, dans de rares cas, une piste du côté de l’assurance de prêt dite « Assurance chômage ». Mais ces clauses sont souvent alambiquées et ne fonctionnent que rarement (délai de carence, exclusions, etc..) et encore moins dans le cas présent.

En quoi consiste cette modulation ?

À partir d’un an d’amortissement, on peut soit augmenter ou diminuer jusqu’à 30 % le montant de son remboursement annuel. On peut donc diminuer son échéance, de manière contractuelle, sur simple demande adressée à sa banque. Le nouveau calcul est effectif le mois suivant. Cela peut correspondre aux quelques centaines d’euros qui manquent sur son bulletin de paie. La solution est pratiquement indolore en fin de contrat puisque les intérêts sont actuellement très bas. La durée du prêt s’en trouve rallongée. Mais attention, certains contrats ne prévoient pas cette modulation.

Et pour ceux qui choisissent la pause de remboursement…

La pause de remboursement s’avère moins favorable que la modularité. Certains contrats prévoient une suspension totale de versement pendant une durée encadrée (hors assurance). Mais attention, cela équivaut à un crédit à la consommation qui ne dit pas son nom. Même si cette deuxième solution s’avère moins douloureuse à la fin plutôt qu’en début de crédit.

Quels sont les derniers recours à envisager ?

Pour ceux qui ne disposent pas de ces deux premières options, il reste le prêt personnel pour couvrir les mensualités pendant la période difficile ou la demande de découvert autorisé auprès de sa banque, disposition qui n’est pas un gros mot mais qui revient plus cher que les deux premières options. Le pire, c’est de se retrouver en situation de découvert non autorisé puisque c’est la situation la plus inconfortable et qui coûte le plus d’argent. Un conseil : anticipez avec votre conseiller, il est là pour cela !

* Ewan Lebourdais est gestionnaire de patrimoine indépendant à Brest depuis 17 ans.